Au Pérou il y a beaucoup d’Aires de Conservation Privée (ACP) ce qui veut dire que ces sont des particuliers qui transforment leur propriété en Parc naturel privé afin de préserver faune et flore. Ces initiatives se font de plus en plus, mais dans la région Amazonas, au Nord du Pérou, c’est encore une exception. Aujourd’hui nous vous présentons l’ACP Milpuj La Heredad, chez Perico.
Aire de conservation privée Milpuj La Heredad
Nichée dans les Andes du nord du Pérou, à seulement 1h30 de Chachapoyas, l’Aire de Conservation Privée Milpuj La Heredad est un véritable sanctuaire naturel. Gérée avec passion par Perico, cette initiative familiale pionnière œuvre à la préservation de l’écosystème unique de la forêt sèche andine, un biome rare et menacé. Originaire de Chachapoyas, Lola a quitté la région a 15 ans et est retournée y vivre en 2002. En 2006, Perico est venu la rejoindre et ensemble ils se sont occupés d’aménager et d’entretenir la propriété transformée en chambre d’hôtes ainsi que les chemins de randonnées pour les visiteurs.
La propriété
La propriété s’étend sur 70 ha, mais actuellement seulement 16 ha sont classes dans l’Aire de conservation. Perico s’occupe principalement de la reforestation de la propriété avec des arbres natifs de la région, les Tara et une espèce de Cèdre, le cèdre kuelapensis, unique à cette région et nommé ainsi par un expert du Jardin Botanico d’Edinbourg en 2010. Sur le versant haut de la propriété passe le Chemin Inca qui va jusqu’à Chachapoyas. En caméra caché Perico a pu filmer un Leopardo Colocolo, un spécimen très rare, qui a traversé la propriété.
Perico tient également 14 ruches d’abeilles qui lui permettent de renflouer les caisses de l’aire de conservation. En plus, ils ont créé plusieurs chambres d’hôtes, décorées avec beaucoup de gout et bien chaleureuses. Toutes les chambres disposent d’eau chaude et salle de bain privative.
Milpuj protège donc une incroyable biodiversité : arbres centenaires, orchidées, pumas, et bien d’autres espèces. Mais ce lieu va bien au-delà d’un simple espace de conservation. C’est un projet de vie durable, où se mêlent écotourisme responsable, éducation environnementale et traditions culturelles.
Logement La Casa de Dona Lola
La Casa de Doña Lola, c’est une petite maison d’hôtes pleine de charme nichée dans la partie la plus basse de la réserve privée ACP Milpuj, en plein cœur de la forêt sèche. Ici, la simplicité règne : les chambres sont sobres mais confortables, les repas faits maison sont délicieux, et la nuit, c’est le silence total – pas un bruit, pas une lumière. On peut tranquillement y observer les étoiles sans être dérangé.
Perico, qui gère le lieu avec passion depuis plusieurs années déjà, a aménagé des sentiers qui traversent d’anciennes terrasses agricoles, un morceau de chemin inca et la forêt alentour. C’est une façon douce et respectueuse de découvrir ce paysage unique. Je développe tout ça juste en dessous.
Dans une vraie démarche écologique, il a récemment construit une petite cabane de deux chambres avec du bois récupéré après les incendies de 2024. L’isolation a été faite à partir de 3 000 bouteilles plastiques, récoltées petit à petit au fil des années par les enfants de l’école de Nogalcucho, le village d’à côté, dans un soucis de conscientisation de l’environnement.
Pour aller plus loin dans l’esprit de conservation de l’environnement, des panneaux solaires et un chauffe-eau solaire ont été installés, ainsi qu’un espace pour faire un feu de camp près de la maison principale.
Reforestation chez Perico à l’ACP Milpuj
Pour nos voyageurs qui passent dans la région Amazonas, nous avons crée un partenariat avec Perico pour l’aider à reforester l’espace de sa réserve naturelle, encore plus après les incendies dévastatrices de l’été 2024.
La reforestation de leur propriété de 70 hectares est une grande responsabilité pour eux. Et reforester coûte cher !
Comment fonctionne la reforestation ?
En court, reforester veut bien entendu dire replanter des arbres, là où ils ont été arraché ou brûlé. Jusque là, c’est simple 🙂
Après il faut savoir que la reforestation, donc replanter un arbre a plus de chance de réussite voire de survie si l’on parvient à planter des arbres plus robustes à la base, donc plus grands. Mais bien entendu, ces arbres sont plus chers que les petites pousses.
C’est à dire ?
- Perico a créé sa propre pépinière pour faire pousser des petites plantes d’arbre. Mais il se procure aussi de petits arbres des ACP environnants.
- Il faut prendre en considération tous les soins qu’il faut donner au petit arbre. Il faut s’en occuper régulièrement pour l’arroser et le protéger de maladies. De nombreuses pousses ne survivent pas.
- On pourrait bien entendu acheter ou replanter un arbre déjà plus grand qui a plus de chance de prendre racine et de survivre. Mais dans ce cas, l’achat est plus cher ou bien la phase pépinière se prolonge et coûte de l’argent aussi.
- Dans les deux cas il faut prendre en compte : les actions de replanter le petit arbre dans la pépinière ou d‘acheter l’arbre et de le ramener à l’ACP et finalement de le planter à son emplacement définitif (c’est à dire une personne qui va l’amener à son futur emplacement, creuser le trou, mettre l’arbre et l’arroser).
Combien coûte la replantation d’un arbre à Milpuj ?
Perico estime que le coût pour un arbre est aux alentours de 50 soles. Ceci inclut :
- Soins de pépinière
- Plantation
- Soins jusqu’à ce que l’arbre puisse survivre seul (environ entre 3 à 5 ans)
Protection de la faune à l’ACP Milpuj La Heredad
Bien entendu, vous pouvez aussi décider d’adopter un arbre chez Perico, sans voyager avec nous !
Ou peut-être préférez-vous vous engager dans la protection des animaux endémiques de la zone au lieu de la reforestation ? C’est tout à fait possible !
Depuis plusieurs années déjà, Perico surveille la faune silvestre sur sa propriété avec une douzaine de caméras dissimulées (grâce à des donations d’amis protecteurs de la nature). Entre autres il a pu observer l’existence du léopard Colo Colo, une espèce peu étudiée jusqu’à maintenant et sérieusement menacée d’extinction.
Régulièrement le Colo Colo se fait bousculer par des voitures pendant la saison sèche quand il sort de la Réserve naturelle pour aller à la rivière pour boire. (Nous avions nous-même croisés dans cette zone de jeunes biches un matin. C’était génial mais ne pouvions nous empêcher de penser aux risques que prenaient ces animaux tous les jours pour aller s’abreuver). Un riverain a encore récemment amené un de ces léopards Colo Colo mort à Perico. Il est en train de le faire empailler pour l’exposer ensuite dans son futur centre d’interprétation et mieux conscientiser la population.
Pour protéger les Colo Colo, Perico a fait construire des plans d’eau à des endroits stratégiques. Ainsi il évite que les Colo Colo traversent la route. Les plans d’eau servent à donner de l’eau aux animaux, mais aussi aux plantes environnantes.
Si vous souhaitez participer à cette initiative dans le cadre de votre réservation (plutôt qu’à la reforestation), bien entendu, Perico vous fera ici aussi un Certificat pour votre apport.
En attendant de cumuler les ressources économiques nécessaires pour commencer les travaux, Perico va faire des porte-clés sous la forme d’une petite peluche de léopard pour les vendre.
Les activités à faire au sein et depuis l’ACP Milpuj La Heredad
Visite guidée de Milpuj avec Perico – 3 à 4 heures
La visite commence à la Maison de Doña Lola, puis se poursuit vers le site archéologique chachapoya, où l’on peut observer des terrasses agricoles (andenería) ainsi que les fondations de maisons et de dépôts de récoltes. Une courte pause est prévue au mirador sur la vallée, avant de rejoindre le chemin préhispanique connu sous le nom de Qhapaq Ñan.
La deuxième étape a lieu au Portail de Connexion avec la Vie, où les visiteurs sont invités à accrocher un ruban au Quipu des souhaits, un geste symbolique. Ensuite, la descente se poursuit vers la Quebrada de Milpuj, avec une visite optionnelle au premier abreuvoir pour la faune sauvage de ce type en Amérique latine. En effet, après les derniers incendies de 2024, Perico a construit plusieurs réservoirs pour un total de plus de 100 000 litres d’eau qui permettront d’irriguer une pépinière forestière, mais surtout comme bassin de rétention en cas de nouveaux sinistres.
La troisième étape se déroule au pied du figuier sacré, un lieu de rituel de reconnexion avec la Nature.
La quatrième étape mène au projet de restauration écologique et au programme d’adoption volontaire d’arbres, auquel il est possible de participer sur demande.
Enfin, la descente continue à travers la quebrada jusqu’au retour point initial du parcours : la Maison de Doña Lola.
Projets menés à l’ACP Milpuj
Durant la visite guidée Perico explique comment ils ont commencé à restaurer la forêt sèche saisonnière autour de Milpuj en 2007, en plantant des espèces indigènes et en effectuant une surveillance à l’aide de pièges photographiques depuis 2014.
Ces caméras leur ont permis d’enregistrer des mammifères tels que l’ocelot, le chat des prés, le cerf de Virginie, l’opossum et le paca des montagnes.
Ils ont installé un système d’abreuvoirs automatisés près de la route : reliés par des tuyaux aux toits ou aux réservoirs, ils sont remplis d’eau de pluie filtrée et de sel pour attirer la faune et réduire la mortalité routière. Ces abreuvoirs se remplissent automatiquement et ne nécessitent qu’un nettoyage tous les 15 à 20 jours.
Visite de Kuelap depuis Milpuj – 5 heures minimum
A 15 minutes de Milpuj se trouve Nuevo Tingo, point d’accès aux télécabines vers Kuelap, l’impressionnante cité pré-inca. De là, compter environ 35 minutes pour atteindre la Malca (entre le bus et les télécabines) à presque 3.000 m d’altitude et rajouter 30 minutes de marche encore pour atteindre l’entrée de la citadelle Kuelap. La visite guidée sur le site dure ensuite 1h15 et vos clients apprendront plus sur cette capitale administrative et religieuse de la culture chachapoya qui s’étire sur 7 ha de surface avec quelques 450 bases de maisons circulaires.
Kuelap est 1000 ans plus ancienne que Machu Picchu. Sa situation a 3 000 m d’altitude, de nombreux arbres et bromélias sur le site lui donne une ambiance mystique. La visite de Kuelap peut se coupler avec d’autres excursions comme les Mausolées de Revash.
Participer à la Minga dans Nuevo Huacas – ½ journée
Nuevo Huacas est un village à 2 800 m d’altitude qui se trouve à 2h30 de Chachapoyas, mais seulement à 1h15 de l’ACP Milpuj, idéal pour y faire une excursion d’une demi-journée.
Les villageois de Nuevo Huacas ont intégré le réseau des activités qui font partie de l’Ecomusée comme d’ailleurs la communauté de San Bartolo (d’où on part pour les Mausolées de Revash). L’idée est donc de montrer la culture vivante des différentes communautés et leurs traditions.
La tradition à Nuevo Huacas s’appelle la Minga – le fait de s’unir pour accomplir une tâche qui serait beaucoup plus difficile et ennuyeuse pour une personne ou une famille toute seule, comme semer, nettoyer le champ ou bien récolter.
Le propriétaire du champ invite les autres villageois pour une journée de travail, mais aussi de fête. Accompagnés par les musiciens, le groupe de volontaires se retrouve d’abord chez le propriétaire pour un bon petit-déjeuner avant d’aller au champ pour la tache prévue dans la journée. Sur place, les musiciens continuent de jouer et d’encourager les travailleurs. Il y a aussi du guarapo (une fermentation alcoolique énergisante locale à base de sucre de canne) pour donner du courage. Le déjeuner est amené par les femmes et on mange directement sur la parcelle avant de continuer le labeur.
Dans le cas de la participation des voyageurs, ils pourront également essayer les vêtements traditionnels et échanger avec les personnes de la communauté, qui sont heureux de partager cette coutume avec les visiteurs.
La Jalca Grande – légendes et histoires ½ journée
C’est ici qu’en 1538 les Espagnols ont tenté la première installation d’une colonie dans la région. Le climat rude les a fait déménager pour arriver finalement à ce que l’on connait aujourd’hui sous le nom de Chachapoyas, dont on célèbre la fondation chaque année le 5 septembre.
Pour arriver à La Jalca, à 2.800 m d’altitude, il faut compter 1h30 depuis l’ACP Milpuj, et quelques 3 heures depuis Chachapoyas. Nous recommandons donc de le combiner avec une ou deux nuits chez Périco.
La responsable de l’association vous accueillera sur la Plaza de Armas et vous commencerez le tour avec la visite de l’église du village. La Jalca est connu pour son église du 16ème siècle. La tour, très connue également, s’est hélas effondrée lors du dernier tremblement de terre d’octobre 2021
Depuis sa participation à l’Ecomusée de Chachapoyas, La Jalca Grande met en avant les traditions propres au village, les légendes et mythes de la région.
Le conteur du village accueille les visiteurs et leur raconte différents mythes du village, et surtout la légende de Juan el Osito, une légende bien triste, mais qui revient à la vie chaque année lors de la San Juan, le 24 juin où elle sera rejouée par les villageois déguisés sur la Plaza de Armas accompagnés par les danseurs et musiciens.
En sortant du village, il faut absolument visiter le site archéologique de Ollape, une sorte de mini-Kuelap, beaucoup moins visité, mais avec les mêmes signes et frises décoratives.
