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El Brujo et la Señora de Cao

Le complexe archéologique El Brujo et la Señora de Cao se trouve à l’extérieur de la ville de Trujillo, à environ 60 km au nord.

Je suis sortie de la visite de ce site avec un souvenir très fort. Il est des choses que l’on n’explique pas toujours. El Brujo m’a, dès mon arrivée sur le site, rempli d’une énergie incroyable sans que je sache réellement ce qui m’arrivait.

El Brujo a été habité depuis les ères pré-céramiques. Cependant, les plus grandes constructions datent de la culture Moche entre le Ier et Vème siècle de notre ère. Ce site archéologique présente des différences significatives avec les Temples du Soleil et de la Lune, également proches de Trujillo. Ce site exceptionnel fera certainement partie de votre voyage archéologique au nord du Pérou.

Les principaux monuments de Brujo

A un moment de son histoire, les colons espagnols habitaient au site d’El Brujo, ils y construisirent des maisons et églises. Mais ce qui nous intéresse particulièrement est d’en étudier les occupations antérieures.

El Brujo contient 3 pyramides des époques mochica et sicán. Ces temples, entièrement construits en briques d’adobe, sont richement décorés. Les archéologues ont trouvé des bijoux et des céramiques d’une finesse incroyable. Cela en dit long sur l’art de vivre de cette culture.

La Huaca Cao Viejo

C’est le principal sanctuaire Moche du complexe. Ce temple est une pyramide tronquée de 27 m. Il daterait des premiers siècles de notre ère et son utilisation est supposée jusqu’au IXe siècle. C’est le temple le mieux préservé du site.

Il est composé de :

  • un édifice principal avec une façade richement décorée. Dans la zone supérieure, il y a un patio cérémonial et une plateforme principale.
  • une place cérémoniale, située face au bâtiment principal
  • des annexes à l’est et à l’ouest de la place cérémonielle

El Brujo archéologie

Devant la façade principale de la Huaca Cao.

Une étonnante énergie se dégage de ces lieux. Imaginez ces lieux, ces murs au meilleur de leur splendeur! J’avoue, j’ai été troublé.

On peut y voir des fresques multicolores, représentant des guerriers, des prisonniers, des prêtres et des sacrifices humains.

La Huaca Cortada

C’est le deuxième édifice le plus important du site. C’est une pyramide tronquée, construite en adobe à l’époque des Moche (100 – 800 après JC). Il est donc contemporain à la Huaca Cao Viejo, de laquelle il est éloigné de 500 m. Il fait 103 m de long, 98 m de large et 22 m de haut. Cette pyramide possède des bas-reliefs représentant des personnages en guerre.

Au centre de sa façade sud, il y a un longue et profonde faille (45 m de long, 5 m de large), qui divise presque la Huaca en deux. C’est de là que vient son nom. Cette faille fut faite après la conquête du Pérou par les espagnols au XVIe siècle. Les pilleurs l’auraient faite pour trouver les trésors cachés à l’intérieur.

La Huaca Prieta

La côte nord du Pérou, nous le savons (voir notre article sur Caral) est occupée depuis des temps ancestraux.

C’est le plus vieux temple du site. Il aurait été construit vers 2 500 avant JC. C’est là que se firent de nouvelles expériences liées à la domestication des plantes. Ces premières expérimentations agricoles lancèrent le développement de l’industrie poissonnière de Huaca Prieta. La domestication du coton par exemple leur permit de perfectionner et renforcer les cordes et filets de pêche. La calabaza, une sorte de courge, fut utilisé comme élément flottant pour les filets.

L’alimentation à base de poissons, crabes, oursins et autres mollusques était complétée par de nouvelles cultures agricoles comme l’aji (un piment), les pallares (une espèce de gros haricot blanc) et la chira (une sorte de bananes). Ainsi, Huaca Prieta marqua l’émergence d’une économie basée sur l’eau, océan comme fleuve. Les premières images produites par ses habitants mélangeaient les valeurs de l’océan avec celles de la montagne : crabes et oiseaux marins se joignaient aux condors et serpents. Certains pensent qu’avec ces images, c’était la première fois qu’on essayait de montrer une certaine façon de voir et de s’approprier le paysage.

Le puits cérémonial

Il fut découvert au sud du site en 2004. Ce puits de 12 m fut construit par les Moche il y a au moins 1 500 ans.

Durant les fouilles archéologiques, on découvrit des restes humains à l’intérieur. Récemment, il y a eu des sessions de nettoyage, purification et épanouissement à l’intérieur. Elles ont été réalisées par un guérisseur du village de Magdalena de Cao. Ce rituel a pour but de rétablir un contact symbolique avec le monde magico-religieux et de vivre une expérience unique dans les profondeurs de ce puits cérémonial, qui représente un retour symbolique dans « le ventre de la Terre Mère ou Pachamama » pour renaître. 

El Brujo site archéologique

L’histoire de la Señora de Cao

Le complexe archéologique El Brujo est devenu célèbre grâce à la Señora de Cao, dont la momie fût découverte en 2005 dans une tombe sous la Huaca Cao Viejo. Elle est conservée dans le musée du site.

Lors de ma visite au temple et au Musée El Brujo, j’ai eu la chance et l’extrême plaisir de rencontrer l’archéologue Regulo Franco Jordan. Il était en charge des fouilles en 2005, lors de la découverte de la dame de Cao.

Archéologie Nord du Pérou

Le senor Franco m’a proposé de l’accompagner vers des puits cérémonieux découverts à quelques centaines de mètres du site. En chemin, il me présente un chamane présent sur le site et qui est en train de préparer une cérémonie.

C’est en marchant et discutant que je lui pose une question quelque peu indiscrète. Je lui demande le plus simplement possible, en essayant en même temps de bien peser mes mots, comment expliquer qu’une personne comme lui à la démarche scientifique valide ainsi les cérémonies, hommages comme celui d’aujourd’hui autour de la dame de Cao. Oui bon c’était un peu osé, mais j’ai eu droit à une très belle histoire.

La Découverte de la « Dame de Cao »

Il m’a raconté les recherches qu’ils réalisaient depuis quelque temps déjà. Un soir eut lieu une cérémonie avec un chamane à laquelle il participa. On y utilisa le fameux San Pedro, cette plante type cactus aux effets psycho-réactifs (on ne dit pas hallucinogène ici!)

Il me raconte que lors de la cérémonie, il commença a voir des formes, notamment animales. Il vit un puma comme suspendu au-dessus de la colline qui abritait le temple où serait découvert la tombe de la dame de Cao. On fouillait le site et les environs, mais sans vraiment savoir ce que l’on trouverait, encore moins une tombe de femme. Mais ce soir-là, le chamane lui dit que c’est là qu’il rencontrerait la femme qui le rendrait célèbre. Elle est pas belle, mon histoire?

En tous les cas, je remercie le hasard d’avoir mis le Senor Regulo sur mon chemin ce jour-là. Très humble, souriant et passionné de sa « dame ».

L’incroyable richesse entourant la momie

La momie était enroulée dans 22 couches de tissus en coton. Le fardeau funéraire mesurait 181 cm sur 75 cm de largeur et son poids atteignait 120 kilogrammes.

Dans les couches 22 à 13 se trouvait du cinabre, une substance toxique qui fut cruciale dans la préservation de la momie. Entre ces couches étaient placés des ornements propres à son sexe et statut social. Parmi eux, il y avait 23 colliers en or, argent ou cuivre et un grand nombre de pierres précieuses. 42 ornements de nez enveloppés avec soin dans des tissus en coton avaient été mis sur son torse.

Entre les couches 12 à 6, on a trouvé de nombreux textiles.

Entre les couches 5 à 1, il y avait des offrandes textiles et métalliques, comme des plaques de cuivre à des fils d’or. On lui avait mis aussi ses couronnes, diadèmes et deux bâtons cérémoniels en bois et cuivre, qui étaient les symboles du pouvoir qu’elle avait dans la société Moche.

Ses tatouages

Son visage, ses bras et ses pieds sont tatoués avec des serpents, des araignées et des dessins géographiques. La signification de ses tatouages reste encore un mystère qu’on cherche à percer.

L’utilisation de sulfure de mercure (cinabre) a permis d’éradiquer les bactéries qui auraient pu abîmer la momie et c’est pourquoi aujourd’hui on peut encore voir ses tatouages.

Selon l’archéologue Regulo Franco, ses tatouages indiqueraient qu’elle possédait des pouvoirs surnaturels, et peut-être qu’elle était une femme chamane, une prêtresse et guérisseuse.

Qui était-elle ?

La Señora de Cao avait entre 25 et 30 ans au moment de sa mort, aux environs de 450 après JC. Elle mesurait 1 m 48. Elle devait avoir un statut important dans la hiérarchie mochica, très proche de celui des Seigneurs de Sipán découverts dans la Huaca Raiada.

Sa tombe est celle d’une souveraine, dans une magnifique enceinte décorée avec des représentations du monde magico-religieux des Moche. Après l’apogée du seigneur de Sipán, entre 300 et 400 après JC, il se peut que la Señora de Cao ait été la femme la plus puissante de l’histoire Moche et de la culture andine en étant la « reine » de la culture Moche. Ou était-elle contemporaine du Seigneur de Sipán?

Le fait qu’une femme ait été identifiée comme reine est extrêmement important pour l’histoire ! Jusqu’à maintenant, on partait du principe que seulement les hommes avaient une position importante dans la société. Les femmes étaient en charge des travaux ménagers. Ceci était le cas dans la culture Inca. Depuis cette découverte, il semble que dans la culture Moche, présente au nord du Pérou, une femme pouvait également avoir le statut de dirigeant. Révolutionnaire !

Le Musée Cao

On retrouve bien entendu toutes ces précisions dans le musée de Cao. L’édifice, assez austère, est entièrement réalisé en béton. Des gardes armés protègent les alentours de ce lieu qui renferme littéralement un trésor.

Il faut dire que l’on est ici en bord d’océan, c’est très beau, mais aussi très isolé. On est véritablement entouré de champs de canne à sucre dont on fait le célèbre Rhum Cartavio. Nous sommes passés devant la distillerie en longeant la côte de Huanchaco à Magdalena de Cao, le village le plus proche du site.

Outre les explications concernant l’époque, le site archéologique, les époques, le musée compte avec une salle très spéciale.

Cette salle en effet renferme les objets les plus personnels de la dame, ainsi que la momie de la Dame de Cao.

Mais attention, vous ne pouvez pas la regarder directement. Il s’agit du reflet de celle-ci dans un miroir situé à la verticale de la momie. Bien au-delà de sa mort, on craint le pouvoir magique de la toute puissante prêtresse!

Je le répète certes, mais la visite de ce site et du musée, c’est vraiment quelque chose de très spécial!

Dernières nouvelles

Début juillet 2017, le ministère de la Culture du Pérou a présenté une reproduction du visage de la Dame de Cao. Cette réplique faite avec un laser 3D à partir du crâne de la momie nécessitait 10 mois de travail intense. Elle a été réalisée par les archéologues du Complexe Archéologique El Brujo, la fondation Wiese, et FARO Technologies.

La reconstruction à voir au musée

Informations pratiques

Le site est ouvert tous les jours de 9h à 17h. La visite générale coûte 10 soles.

El Brujo se trouve à 1h de route de Trujillo.

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